
Robert Bresson
Cinéaste de campagne
Robert Bresson est né le 8 août 1926 à Hostun, dans une famille établie de longue date dans le village. Fils et petit-fils de bourrelier, il exerce lui-même ce métier pendant un temps, aux côtés de son père. Il effectue son service militaire en Allemagne, dans le cadre de l’armée d’occupation.
De 1952 jusqu’à sa retraite fin 1986, il occupe le poste de secrétaire de mairie à Hostun. Il s’implique dans de nombreuses activités associatives et communales. Il joue du cornet et préside pendant 8 ans l’harmonie municipale « Les enfants d’Hostun », il écrit pour Le Dauphiné libéré, devient secrétaire des Mutuelles agricoles et le premier président de l’association des Amis du village d’Hostun.
Le 2 avril 1955 il épouse Aimée Reboulet, institutrice à Hostun, avec qui il aura deux enfants : Hélène et Jean. La famille Bresson réside au premier étage de l’école-mairie, avant d’emménager en 1973 dans la maison du charron attenante.
À partir des années 1960, il se lance dans la réalisation de films en amateur. Il achète caméra, matériel divers et pellicule chez Boyer à Romans-sur-Isère et s’initie à la prise de vue et au montage. Initialement destiné à un usage familial, son travail s’élargit rapidement à la vie locale : il filme les fêtes, les événements du village et voyages scolaires.
Robert Bresson décède en 1998. Il laisse à ses enfants et au village une centaine de bobines, dont la moitié nous a été confiée par son fils Jean Bresson et l’association Patimoin’Art Hostun. 35 bobines ont pu être numérisées et sont aujourd’hui conservées aux Archives départementales de la Drôme.
Regards sur l’ordinaire : Hostun à travers la caméra de Bresson
Robert Bresson a réalisé, entre la fin des années 1960 et la fin des années 1980, une série de films amateurs consacrés à des événements familiaux et villageois, principalement dans la Drôme. Ces films, tournés dans un cadre non professionnel, témoignent d’un regard attentif et sensible sur la vie rurale, les fêtes locales, les paysages et le quotidien des habitants. Ils forment un ensemble cohérent, où se mêlent des scènes de sociabilité, des rituels populaires et des moments d’enfance.
Les sujets abordés sont variés : jeux d’enfants dans la cour d’école, pique-niques, baignades, moments de loisirs, mariages, fêtes et voyages scolaires ou sorties sportives. À travers ces fragments du quotidien, se dessine une histoire de la vie collective du village, traversée par les saisons et marquée par les formes récurrentes mais différentes du rassemblement. Robert Bresson adopte une posture d’observation à la fois discrète et rigoureuse, construisant une mémoire filmique de ces instants ordinaires.
La fête des Laboureurs, tradition drômoise
Parmi ces films, les Fêtes des Laboureurs d’Hostun occupent une place singulière, tant par leur durée que par leur densité visuelle. Ces fêtes des laboureurs succèdent aux fêtes de l’agriculture instaurées pendant la Révolution. Et si leurs formes évoluent les traditions et rituels perdurent et sont aujourd’hui inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel. A Hostun les fêtes durent trois jours, les figures hostunoises endossent tour à tour les rôles de présidents, dauphins et bacchus et règnent sur les festivités. Robert Bresson se concentre souvent sur les Corsos. Les préparatifs, le passage des chars (souvent thématisés autour de motifs saisonniers, animaux, contes, ou figures populaires), les pancartes manuscrites annonçant leur nom, les costumes, la musique et les interactions avec le public composent une série de tableaux animés. La caméra suit les chars avec patience captant autant l’ambiance générale que les détails de fabrication.
Au-delà du défilé lui-même, Bresson s’attarde sur les à-côtés de la fête : les rassemblements au café, les repas partagés, les musiciens, les enfants courant dans les rues. Ces moments, souvent en marge de la fête, renforcent l’impression d’une communauté rassemblée dans un même élan, à la fois rituel et ludique. Loin de toute spectacularisation, le regard porté sur le corso privilégie la continuité des gestes, la présence des corps et les liens sociaux. Ainsi, ces films du corso apparaissent moins comme une simple documentation que comme une forme de récit sans paroles, structuré par le rythme de la fête et la circulation des regards.
Les films de Robert Bresson à découvrir sur Amorce.eu




























- Article rédigé par Paulyne Davalo dans le cadre de son Master Histoire et Audiovisuel à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
- Un grand merci à Jean Bresson et Fréderic Sauvageon pour leur confiance et l’aide apportée.
- Fonds numérisé par Ofnibus dans le cadre du Programme de Numérisation et de Valorisation de contenus culturels du Ministère de la Culture avec le soutien de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes.

Grande collecte ardéchoise !
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