Henri Derrien
Henri Derrien est né le 24 décembre 1923 à Berchères-sur-Vesgre en Eure et Loir. Quatre ans plus tard ses parents, cordonniers, s’installent à Saint-Calais en Sarthe, pour y développer leur activité, c’est là qu’il passe toute son enfance. Il apprend le métier d’imprimeur de 14 à 17 ans, au sein de l’imprimerie Lefèvre, en face de chez lui. Il aime ce métier. Puis la guerre « s’installe » et noircit le tableau, il a alors entre 16 et 22 ans. Heureusement, il fait la rencontre de Lucienne, fille de fermiers à Montaillé, tout près de Saint-Calais, avec qui il se projette dans l’avenir.
Après la guerre, en 1946, Lucienne et lui s’installent en Région parisienne. Ils auront trois enfants. Après avoir occupé des postes d’imprimeur, typographe dans différentes entreprises et toujours passionné par la communication, il s’installe à son compte. Il travaille à Arcueil dans le Val-de-Marne jusqu’en 1983. Il revient ensuite à Saint-Calais avec Lucienne.
Henri Derrien meurt à Saint-Calais en 2019 à l’âge de 95 ans.
Le Bonheur est-il à Saint-Calais?
Dans son livre intitulé “Le Bonheur est-il à Saint-Calais ?”, édité chez SOL’AIR, en 1997 (1000 exemplaires), il fait voyager le lecteur à ses côtés, à travers des souvenirs sensoriels, émotionnels et contextuels, très détaillés, de son enfance jusqu’aux années 1990. Il évoque notamment sa découverte du cinéma, enfant, lors de sa première séance :
« Les séances de cinéma étaient encore rares. Parfois, Monsieur Renard, le « Modern’ Cinéma » venait de Savigny projeter un film à succès, comme « Ben-Hur », à la Salle des Fêtes (aujourd’hui Salle Charles-Garnier). J’étais trop jeune et ma mère n’avait pas d’argent pour m’offrir ce genre de spectacle. Pourtant, un après-midi, les élèves de toutes les écoles se retrouvèrent sous les halles bien calfeutrées (…). Des bancs avaient été alignés devant un grand écran et le projecteur installé à l’entrée, côté rue des Halles. Et l’on nous présenta un film « sonore », l’avant garde du progrès : « À l’ouest, rien de nouveau », d’Erich Maria Remarque. C’était la première fois que j’allais au cinéma. J’avais bien sûr entendu parler de cette tragédie qui s’était terminé quatorze ans plus tôt et à laquelle mes oncles avaient participé (trois avaient été tués). La violence me faisait parfois tourner la tête et je fus fortement impressionné. »
Puis lorsqu’il dû passer un été en cure dans un sanatorium préventorium, au Croisic, à l’âge de neuf ans :
« Cela me rappela le collège, mais cette fois j’étais pensionnaire parmi cent cinquante autres garçons. Il me fallut bien une semaine pour m’adapter au rythme de cette nouvelle vie, me faire de nouveaux amis, m’habituer au dortoir, au réfectoire, à la chapelle, aux promenades, en rangs le long de la Grande Côte (...). Mais ce qui m’est resté pour le reste de la vie, c’est le cinéma. Nous étions filmés dans nos jeux et nos promenades et les films nous étaient projetés certains jours, notamment quand la météo n’était pas bonne ; Je trouvais cela merveilleux et je me promis d’avoir un jour ma petite caméra… Ce qui arriva seize ans plus tard !»
Du 9,5 mm au Super 8, une pratique assidue, en club ou en solo
Henri Derrien a filmé de la fin des années 1940 jusqu’à la fin des années 1980. Son œil nous fait découvrir les habitudes sociétales de la vie rurale à cette époque : déroulement des évènements familiaux autour de l’église Notre-Dame de Saint-Calais, les mariages, baptêmes, communions, mais aussi les instants mémorables ou plus simples au sein de sa famille, dans son contexte de vie, son village. Sa pratique continue autour d’animations et de sorties organisées, telles que les fêtes agricoles, fête nationale, visites. Il a aussi réalisé un film documentaire qui témoigne des méthodes, des outils et machines qu’il utilisait dans son imprimerie. Il est animé par l’envie d’illustrer son époque, de créer une archive.
On retrouve dans certains de ses films le logo du CCVA (Club Cinéma Vidéo Amateurs) de Saint-Mars-d’Outillé (au sud du Mans). C’est sans doute au sein de ce club qu’il a préparé avec soin et originalité ses cartons d’introduction, monté ses films et partagé sa passion pour la communication.
Nous n’avons malheureusement pas trouvé plus d’information concernant ce club, si vous en avez connaissance, n’hésitez pas à enrichir le sujet.
Merci notamment à Michel Derrien, son fils et Marie-Luce Soulard, sa nièce, pour tous les renseignements qu’ils nous ont fournis. Le fonds Henri Derrien nous a été transmis par Didier Grignon de la Cie Jamais 203, installée à Bouloire.
La piscine de Saint-Calais
1949, 9,5 mm, N&B, muet, Henri Derrien
La piscine de plein air de Saint-Calais naît en même temps que la société des Nageurs calaisiens, en 1936. Installé avenue du Docteur Gigon, sur les bords de l’Anille, le bassin calaisien accueille dès 1937 les championnats de la Sarthe.Pas de compétition dans cet extrait mais une sortie familiale. On découvre André Derrien (frère de Henri), son épouse Colette et leur fils Thierry, s’adonnant aux plaisirs nautiques.
Sortie en tandem
1950, 9,5 mm, N&B, muet, Henri Derrien
Henri Derrien et son épouse Lucienne partent en balade avec la sœur de Lucienne et son mari, en tandems, en Eure et Loir :
– Berchères-sur-Vesgre, d’où Henri Derrien est originaire, visite au cimetière
– Saint-Lubin-de-la-Haye
– Puis direction le château de Diane de Poitiers à Anet
– Et enfin Houdan, dans la famille de Henri.
Mariage
1952, 9,5 mm, N&B, muet, Henri Derrien
Le mariage de Bernard Soulard et Marie-Thérèse Bigot.On y découvre le cortège des mariés, la photo de famille dans les marches de l’église Notre-Dame de Saint-Calais, prise à la chambre photographique, l’orchestre qui accompagne cet instant. Pour finir, on assiste à l’amusement des invités autour du traditionnel pot de chambre des mariés.
Communion
1960, 9,5 mm, N&B, muet, Henri Derrien
Procession de communiants dans les rues de Saint-Calais, entrée puis sortie de l’église.
14 juillet
1974, Super 8, couleur, muet, Henri Derrien
Les festivités du 14 juillet organisées par le comité des fêtes de Montaillé en Sarthe.Le village se réveille dans l’animation : clowns, musique, cérémonie commémorative officielle, défilé de calèches tirées par des chevaux, adultes et enfants costumés, jusqu’au coucher du soleil.
Cette journée festive est à l’origine de la Fête de la Moisson qui sera lancée le 31 août de l’année suivante.
Fête de la moisson
1975, Super 8, couleur, muet, Henri Derrien
31 août 1975, la Fête de la Moisson s’illustre « Comme au début du siècle ». Les participants sont en tenues d’époques, défilés, démonstrations, danses folkloriques. C’est la première édition de ce rendez-vous, qui aura lieu chaque année jusqu’en 2009, grâce à l’initiative de Bernard Soulard (frère de Lucienne Derrien) et à une équipe de 200 villageois.
Corso d’été
1978, Super 8, couleur, muet, Henri Derrien
Fête du Chausson aux Pommes, les 2 et 3 septembre 1978. Les participants défilent dans des chars inspirés de l’œuvre de Jules Verne. Les spectateurs sont nombreux dans les rues de Saint-Calais pour ce rassemblement traditionnel qui date de 1630.
Article rédigé par Elsa BLONDONT, dans le cadre de sa formation au CNAM.
Un commentaire
Papillon Gérard
La communion de 1960, mon frère Christian étant de1948, il y a des chances pour qu’il soit des communiants…..